La guérison de nos blessures émotionnelles ne permettrait-elle pas celle de notre corps ? Le travail sur soi ne serait-il pas le plus puissant des systèmes immunitaires ? Rencontre au cœur de la médecine de demain.
Vous êtes adepte d’une médecine fondée sur les émotions… Comment celles-ci s’expriment-elles dans le corps ?
Dr Daniel Ballesteros : Nos émotions se trouvent au coeur de nos déséquilibres physiques. Elles se construisent dans la tête très rapidement, en quelques millièmes de seconde ; c’est lorsqu’elles descendent dans le corps à travers le système neuro-végétatif que nous en prenons conscience. Si leur fabrication dure un court laps de temps, elles ont besoin, pour se « matérialiser » et déclencher un comportement, d’un support corporel. Elles peuvent, selon nos réactions, s’éliminer ou s’inscrire de manière durable. Si le stress est trop important, il peut provoquer des réactions en cascade : des sécrétions hormonales importantes (adrénaline, cortisol) imprègnent les tissus conjonctifs qui entourent les muscles et les organes, altérant leur fonctionnement si l’alerte s’installe. Afin d’éviter que l’émotion touche directement l’organe, notre corps prévoit que le surplus émotionnel soit amené dans les muscles, ce qui produit des tensions, puis tout se termine dans la cellule ; la relation de cette dernière avec la psychè est donc essentielle.
Vous parlez de la « maladie inconnue », de quoi s’agit-il ?
Dr D. B. : Il s’agit de la maladie « mère » de toutes les pathologies (maladies fonctionnelles ou pathologies organiques). Elle peut revêtir différentes formes (rhumes, lumbago, insomnie…) dont l’origine des symptômes reste floue pour la médecine classique. Les praticiens ne donnent en général que des médicaments destinés à « effacer » les symptômes. Il s’agit en fait d’une dystonie neuro-végétative : un déséquilibre entre les deux branches (qui ne sont jamais en équilibre parfait) du système nerveux autonome. La branche orthosympathique qui stimule les fonctions, et la branche parasympathique qui les calme, et contrebalance la première. Elles se répondent en fonction des stimuli que nous recevons de l’extérieur et, surtout, de leur impact émotionnel. Ce système neuro-végétatif préserve l’équilibre physiologique de l’ensemble de nos organes et de nos cellules en freinant ou en accélérant leur métabolisme de base. Dès que ce système s’active, et que nous les régulons, nous sommes déjà en autoguérison.
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Ces éléments amènent-ils à revoir notre approche thérapeutique, selon vous ?
Dr D. B. : Je pense que l’être humain doit être soigné dans sa totalité, en prenant en compte ses différents aspects corps-physique-énergie-âme-esprit pour relancer la vie qui est en nous. Il s’agit d’une médecine adaptée à chaque personne pour accompagner ses forces d’autoguérison. J’utilise l’acupuncture et un travail corporel fondé sur l’énergétique chinoise comme le massage Tuina, notamment sur le ventre, pour enlever les blocages énergétiques liés aux organes. J’y associe l’homéopathie, la phytothérapie, les prébiotiques ou encore le yoga. Je mets également en place ce que j’appelle la « psychologie évolutive », afin de donner aux patients un certain nombre de lois supplémentaires pour vivre. Il faut travailler sur le psychisme comme on travaillesur le corps (intelligence émotionnelle), en proposant des systèmes simples, comme une « méditation de l’essentiel » ou d’autres techniques d’introspection (rêve éveillé ou expansion de conscience par exemple) qui permettent d’explorer la psyché à travers les symboles et les archétypes. Mais pour guérir de manière durable et éviter les rechutes, il faut modifier en profondeur les habitudes, qui ont provoqué les déséquilibres, en changeant notre posture et notre regard sur la vie.
Propos recueillis par Aurélie Godefroy.
L’intégralité de l’entretien est à lire dans le numéro 3 de la revue Question de « Notre corps, une exploration de l’infini » http://www.questionde.com/spip.php?page=acheter&n=22
Le Dr Daniel Ballesteros, médecin généraliste à Tours, est l’auteur de Se soigner, c’est s’écouter, chez Robert Laffont.
Jean-Christophe Seznec
Alexandre Jollien
Alice Miller