Revue Question de
C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche.
Pierre Soulages

Connaissons-nous le grand amour ?

Auteur question de Bernard Leblanc-Halmos

" Qu’est-ce- que le bouddhisme vous a apporté dans votre vie de couple ?" Ma vaillante intervieweuse m’a prévenu : "Surtout mettez bien en valeur la différence pour les lecteurs entre avant les lamas et après." Il a quelque chose d’indécent à parler de progression personnelle ou spirituelle". Surtout en couple. Dire : "Avant, nous étions Vieux, bornés et ignorants... Voyez, maintenant nous sommes bourrés de fraicheur d’âme, d’infinie sagesse et d’humilité grâce à la lotion magique garantie par le bouddhisme Tibétain", serait contraire non seulement à la modestie, qui est le résultat le plus immédiatement accessible de ces précieux enseignements, mais aussi à l’humour des maîtres, qui consiste avant tout à ne jamais se prendre au sérieux.

D’ailleurs ce naturel, cette liberté, ne surplombe pas la vallée des larmes du haut des cimes immaculées du "Pays des Neiges" et n’est nullement l’apanage d’un peuple ou d’une tradition. Cette pureté intérieure, cette sagesse éternelle demeure au service des êtres sans distinction d’espèce, de race, de sexe, de culture, de tradition dans tous les coins du monde. Elle s’exprime sans sectarisme, sans frontière et sans réserve au fond du coeur de chacun. Si par malheur le mot bouddhisme signifiait qu’il y ait des limites a poser dans l’esprit de l’un par rapport à celui de l’autre, le mot Bouddha serait empoisonné, la vérité souillée, l’esprit mutilé.
Les maîtres de Sagesse, hommes et femmes qui, autrefois, voyageaient au Tibet et qui, aujourd’hui, sillonnent le monde, appartiennent au coeur pur de la grande famille de nombreuses traditions authentiques qui célèbrent cette essentielle liberté d’esprit. Un Patriarche a dit a ce sujet : "Pénétrer au plus profond de l’expérience du Bouddha, c’est aller au-delà des bouddhistes et des non-bouddhistes."
S’avancer seul ou en couple à la conquête de cette liberté, commence par une cessation des hostilités, une amnistie généralisée. Finies les luttes de chapelle, dénonçons les tendances restrictives profondément enracinées en chacun, conscientes ou inavouées, et toutes les formes de purification ethnique du genre : "Ma tradition est bien meilleure que la tienne parce que moi je vaux mieux que toi et que mon Dieu à moi lave plus blanc que le tien !" La paix créative à la croisée de tous les chemins nous amène à réaliser que partout où les pieds se posent, l’espace est déjà libéré et le temps ne fait que commencer. Vive la virginité ! Telle est la devise des accouplés.

Hommage au couple débutant
Pour en revenir au couple que nous formons M. et moi, ni bouddhiste, ni non-bouddhiste, ayant, grâce au bouddhisme, redécouvert sa Chrétienté, sa Judéité, son Soufisme, son Hindouisme, son Taoïsme, son Athéisme, son Scientifisme, son Expérientalisme... et aussi, au-delà des ismes, toutes ces racines qui dansent dans le ciel pour rejoindre quelque chose de véritablement Unique ; voila peut-être un des points les plus profonds de cette transformation. Un voyage à deux et à plusieurs, jusqu’a l’infini, de l’intérieur vers l’intérieur, de part en part. Nous nous sommes retrouvés grâce au ciel, aux enseignements très pragmatiques et très expérimentaux des lamas et surtout grâce à la pratique quotidienne qui consiste à nous marier un peu plus religieusement chaque jour.
"Religieusement". Entendons-nous bien sur ce mot. Gela signifie en premier lieu accepter de se relier à l’humour de la situation au jour le jour qui ne manque jamais de nous surprendre et parfois de nous désarçonner. Mais le but du jeu ne consiste-t-il pas à regarder les choses avec un esprit moins restrictif, plus réceptif, plus détendu, plus accueillant, plus débutant.
Pour ma part, en tant qu’ ‘apprenti-accompagnateur’ pour tout le monde, je suis à la fête tous les jours. Le couple est une excellente école. Quotidiennement, des le réveil j’apprends à nous aimer c’est-a-dire à nous aider (C’est le sens que ce mot avait en Vieux français). Se reconnaitre, se découvrir, s’apprécier et simplement s`accepter sinon se soutenir, s’épauler, se ressourcer, c’est-a-dire développer le minimum minimorum des qualités nécessaires à la disponibilité d’esprit par déférence au vaste monde. N’est-ce-pas cela, l’enseignement du Bouddha ? D`abord ne pas nuire. Ensuite s’épanouir. Enfin, tout faire pour délivrer la bonté d’esprit qui ne demande que ca. Vous voulez un bon conseil, parole de Bouddha : "débrouillez-vous !"

La nature de Bouddha nous sourit. Quelle chance !
A y bien regarder, pour répondre à la question, vu de l’extérieur, il n`y a pas de différence bien marquée entre dix ans de vie commune avant la pratique du bouddhisme et dix ans de vie commune après. Mais vu du dedans quelque chose a évolué en profondeur, un sourire, une certaine candeur, un respect grandissant, un certain répondant - Tout autre.
Prenons la question qu’au fond toute femme et tout homme se pose : "Est-ce- que je connais le Grand Amour ?" Quelle est la réponse ? Supposons que vous la posiez plusieurs soirs de suite lors d’une tournée de conférence sur le couple, devant des salles combles : la réponse sera toujours la même, l’assistance vous répondra en coeur : "Non !" Non ? De la même manière si on interroge sa propre conscience, une foule encore plus nombreuse d’habitudes de pensées et de mauvais souvenirs nous portera a confirmer ce sondage d’opinion : " Je ne connais pas le Grand Amour".
"D’ailleurs je ne supporte pas que tu laisses le tube de dentifrice toujours ouvert, ni ta sale manie de laisser tes affaires trainer partout. Tu me persécutes avec tes façons de... c’est comme ta mère !" Mon Grand Amour bat de l’aile. Mon Grand Amour est mort. Prématurement...
Néanmoins, au regard de la Scienta Sacra en général et de la Tradition Intérieure en particulier (nom indigène donné à cette Science Expérimentale de la Connaissance de l’Esprit, qu’on nomme vulgairement : Bouddhisme tibétain) la réponse est : oui. Nous connaissons le Grand Amour. Pourquoi ? Parce que si nous n’avions pas, chacun d’entre nous, le ressentiment du Grand Amour, si nous n’en devinions la présence imminente, nous n’irions jamais à sa recherche. "Tu ne me rechercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé."

Le grand amour ?
Avant d’étudier la réponse dans les livres sacrés ou de se gargariser de savantes paroles en faisant des conférences sur le sujet, en écrivant des livres ou en répondant à des interviews à propos d’avant et d’après, il m’est demandé de me reporter personnellement a ma vie de couple telle qu’elle est. Sans faux fuyant. Ni faux semblant. Ni grandes idées et autres glorioles.
Voici donc une liste de questions auxquelles j’aimerais répondre sans vraiment oser me les poser. Pas vous ?
- Ai-je trouvé chaussure à mon pied ?
- Ai-je déniché l’âme soeur qui convient exactement a mon genre de beauté ?
- Suis-je satisfait(e) de ma situation actuelle ? Seul(e) ? A deux ? Un peu, beaucoup, passionnément, a la folie, pas du tout.
- Suis-je toujours en attente (un jour mon Prince viendra) ?
- Avec tout ce qui m’arrive, suis-je arrivé a quelque chose ?
- Est ce que je dois continuer a faire comme avant ?
- Qu’est-ce-que j’ai de spécial ? De moins bien ? De mieux ? Par rapport à moi-même ? Par rapport aux autres ? De différent ? Qu’est-ce qu’on me trouve ? Qu’est-ce-qu’on me veut ?
- Cette vie commune m’aura-t-elle servi de leçon ?
- Est-ce que vivre seul c’est mieux ?
- Est-ce-que je me trompe ou non ?
- Faut-il tout quitter ? Le (la) plaquer ? Faire semblant ?
- Comment ne plus créer des sacs de noeuds ?
- Que me réserve l’avenir ?
- Est-ce que la chance va me sourire, oui ou non ?
- ...(écrire vos propres interrogations ici !)
A toutes ces questions et à beaucoup d’autres, il y a deux façons différentes de répondre, et donc deux hypothèses de vie.

Deux réponses différentes
La voie non-bouddhiste (ce terme est employé ici pour la nécessité de l’article et a la demande expresse de Nathalie Calmé, mais s’il vous dérange vous le remplacez par celui de votre choix : .... ). Réponse avoir-avoir : je veux t’avoir rien que pour moi. Avoir une femme (je la veux, je l’aurai). Avoir un mari (il m`a voulue, il m’a eue). Avoir des relations sexuelles (on ajoute : harmonieuses). Avoir un bon couple, un bon équilibre, une bonne santé, des beaux enfants, de l’argent de coté, du répondant... Réponse être-être : je veux être rien qu’avec toi... (mon amour). Etre que tout les deux... (le reste du monde m’indispose). Ne jamais être l’un sans l’autre. Etre heureux, satisfait, beau, au mieux de la forme, sportif, bien sous tous rapports, a la fête, au septième ciel ou s’imaginer l’être. L’autre réponse : la voie du milieu. "Le bouddhisme, c’est du nudisme", prévient un maitre plein d’humour. Se dépouiller peu a peu, pas à pas, s’extirper de l’avoir comme de l’être. On n’a pas ce qu’on veut. On n’est pas ce qu’on croit. Qu’est-ce-qui reste ? Le Grand Amour ? Comment le cultiver ? Au fil des jours petit a petit. Par quels moyens ? Avec les moyens du bord et par la grâce spéciale des aléas de la vie, les hauts, les bas, les petites choses au jour le jour.
Par exemple le tube de dentifrice qu’on referme tendrement sans en faire une maladie. Tombent les masques, et sonne l’heure. La situation s`avère être ce qu’elle n’est déjà plus... Notre âme soeur s’étend bien au-delà de Toi et Moi, par une involontaire façon de ne pas s’habituer, ni à l`un, ni a l’autre, ni au monde, ni à la tournure des événements, ni à Dieu sait quoi... Un étonnement sans pareil l Une vie qui n’est jamais, ni vraiment commune, ni aucunement banale. Une expérience de tous les instants !

Nous sommes tous à la noce !
Le mariage de noce ne date pas d’hier, il a lieu tous les jours car nous sommes en toute humilité mariés à trois. Il y a la nature de Bouddha, toi et moi. Personnellement je porte la nature de Bouddha en tête de liste car j’aurais la fâcheuse tendance à l’oublier.
Que veut dire Bouddha en sanskrit ? Bodhi : intelligence initiale de l’esprit tel qu’il est. Bouddha : être illuminé par cette intelligence du coeur, cette clarté originelle, cette immensité de l’esprit tel qu’il est, l’Eveil. Si l’un ou l’autre, ou mieux les deux, se souvient de plus en plus souvent de s’en remettre corps et âme a cette intelligence supérieure, la bonté d’Esprit qui nous habite déjà, nous offrant en action, en parole, en pensée à ce royaume des cieux qui est au-dedans de nous, alors toutes nos relations changent. Notre vie change. Notre ciel change.

Imaginez, ne serait-ce que quelques instants, que vous êtes investi d’une intelligence supérieure, une bonté a toute épreuve, respectez-la et voyez ce qui se passe. Vous nous en direz des nouvelles ! Non seulement pour votre vie de couple, mais pour tout, même pour les relations inter-personnelles (de vous-même à vous-même). Il y a plein de choses que vous ne penserez plus. Par exemple :"Je me sens incapable de réaliser ceci et cela. Ce n’est pas possible !" Entrainez-vous à prendre refuge en cette Nature Illuminée de votre esprit initial (Nature de Bouddha). Habituez- vous à l’infini. Entrainez-y et entrainez-y encore et encore votre esprit. Et non seulement vos relations de couple évolueront mais de proche en proche cela aura des répercussions sur le plan international et aussi intersidéral ! Vous n’y croyez-pas ! Essayez toujours. Satisfait ou remboursé. Vous éviterez peu a peu de retomber dans les mêmes écueils, les mêmes querelles, les mêmes vieilles histoires, les mêmes guerres de clan, de famille, de religion, les mêmes drames d’une actualité brulante, avec en figure de fond ces perpétuels retranchements sur des positions, des insatisfactions et des manques, et toutes les formes d’errance de la vie moderne, de la solitude, seul ou a deux ; et de la désespérance...

Première clé : des zones de Nirvana
Toute vision du monde est élaborée à partir d’une croyance. Aussi, si nous nous mettons a croire, individuellement ou à deux, que nous allons régler nos relations de couple en fouillant dans nos antécédents (inquisition, discussion, régression) ou en s’imposant une direction (la mienne-domination) ou par force (agression)... En termes savants (pour ceux qui aiment ca), cela se nomme la "querulence" : la tendance morbide à rechercher querelle et a revendiquer des droits imaginaires.
En termes bouddhiques, on l’appelle samsara : cette ronde effrayante des existences névrotiques, cette tourmente auto-entretenue. Et que veut dire nirvana ? Nir : non, vana : vent. Non-vent. Ne plus faire de vagues.
A deux il est très utile et très agréable de s’offrir le nirvana. Cessez le feu.
Cessez la tourmente ! Cela s’appelle méditer.
Le credo de la Nature de Bouddha (ou de Christ-le-vivant ou de l’Esprit Saint ou du "Sans Nom" ou du Tao ou de Shiva...) est indispensable à la survie du couple tout autant que de l’espèce. Sans intelligence transcendante ? Nous sommes foutus. Au contraire, si on ouvre un œil neuf, on ne voit plus la vie du même oeil. On n’a même plus rien à voir.
Un couple n’est plus un couple. C’est le temple du Dieu vivant. Non, nous ne sommes pas mariés pour le meilleur et pour le pire mais pour l’Eveil de tous.
C’est une philosophie d’action passionnante, très efficace et pleine d’ébahissements. Le mot "muni" qui dans le Bouddhisme équivaut à moine (Sakya-muni, le Bouddha) signifie en sanskrit impulsion, ardeur, enthousiasme. Dans ce cas, les deux artisans du couple valent bien un moine ardent à eux deux. Une fulgurance !
Mais tout ceci n’est en rien affaire de mot ou de conviction mais de pratique effective de la méditation. C’est-a-dire d’un mode d’accès à cette conscience élargie.

Toi, la deuxième clé
"Quelque chose ne va pas." "Oui mais quoi ?" Réponse ordinaire :"Toi. C’est de ta faute !"
Le propre d’un esprit bouché est d’en vouloir aux autres d’être mal embouché. Puisque je suis mal, les autres doivent l’être. A commencer par le conjoint. Pourquoi la communication ne passe t-elle plus ? Tout simplement parce que le tuyau du vase communiquant est obstrué.
Avez-vous remarqué que l’existence n’est pas un long fleuve tranquille ? C’est fort heureux. Le couple est peut-être conçu comme une indispensable embarcation en vue d’une traversée, afin de se déboucher l’embouchure et de se dépouiller de toutes les entraves à la navigation en eau profonde, somme toute, entrer en contact avec ce fond de santé mentale cosmique, le grand large.
D’abord toi !
Telle est la devise du naviguant. Car si l’un n’apprend pas à faire attention à l’autre, le bateau sombre.
Le mariage est un embarquement à quatre : les deux cotés masculins et les deux cotés féminins de chacun doivent s’entendre et donc s’écouter.
C’est la grande jonction, le grand voyage, le yoga du couple. La sagesse des féminins a bâbord, l’intuition, la vacuité plus infinie que l’infini, et à tribord, les parts masculines de chacun, l’ingéniosité, l’habileté, la mise en oeuvre au service de cette vastitude, de cette ouverture...
Si par malheur, le masculin de l’un ou de l’autre veut prendre la barre à lui seul et que, par ce simple fait, il méprise comme souvent la dimension féminine, nous assisterons comme d’habitude au naufrage des deux.
Le divorce est déjà consommé.

Non-moi, la troisième clé
"J’aime, donc, tu existes." Le Bouddhisme au quotidien se périme peu à peu dans le couple comme ailleurs : je pense donc je suis. Il ne s’agit plus de moi comme un clou fiché dans un mur ou sont accroches ma respectabilité, mon érudition, mes panoplies de savoir-faire, mes opinions arrêtées ainsi que mes problèmes, mes histoires, mes ennuis, ma névrose personnelle, mais d’une relaxation, d’une libération de ce corps d’emprunt en faveur du corps-espace, embarrasse de rien, débarrassé de tout. L’amour dépasse ce qu’on pourrait en dire. En en penser. Les mots, une fois l’encre séchée sont aussi bêtes que les oiseaux empailles.
La pratique quotidienne en vue de cet affranchissement est donc celle de la méditation silencieuse. C’est cela qui est vrai. L’espace libre intérieur. Et c’est vrai que c’est vrai !
La seule raison valable de vivre en couple, c’est d’expérimenter jour après jour que la femme et l’homme et tous les êtres avec eux sont un même et unique être invisible et multiple a la fois. Un être qui prend forme humaine (et d’autres formes) pour qu’on puisse se rencontrer et enfin faire connaissance. Une conscience au-delà de la conscience. Bien au-delà des apparences ou des manigances habituelles.
En conclusion : qu’est-ce qui est le plus important pour vous ? Choisissez : la révélation de l’amour ou la réalisation de la liberté de l’esprit ?
Autant répondre à la question : "Qu’est ce qui est le mieux, la lune ou le soleil ?" et de choisir la lune sous prétexte que sans elle on ne verrait pas clair la nuit ! Un Grand amour s’expérimente des à présent en présence de cette liberté. L’un ne va pas sans l’autre. Qu’on se le dise !

Le chemin de l’éveil : Aidons-nous les uns les autres
La voie de la libération de la confiance -qu’on appelle communément le Bouddhisme - si on s’y engage à deux, est un remariage journalier. Non seulement a deux mais surtout a un mariage avec l’au-delà et l’en-dedans de l’au-delà, avec l’insoupçonné et tous les temps (même les temps méconnus en-deça du passe, du présent et du futur, des temps incertains et indicibles...).
Pour résumer en quelques mots :
Le refuge, d’après Lama Jigmela, consiste tout simplement à se souvenir de notre triple origine : l’esprit initial (le Bouddha), les moyens d’accéder a cet esprit initial (le Dharma), tous les êtres qui nous aident à réaliser l’Esprit initial (la Sangha).
"Puissions-nous être éveillés promptement pour le bien de tous", car l’obturation à deux est pire encore que l’égoïsme seul. Le couple peut donc être un intense monastère, un sacré pétrin et un bon terreau pour des éveillés en herbe.

Le mode d’emploi du couple
Il ne faudrait pas croire que cela se réduit à quelques petits trucs, quelques petits tours de passe-passe et hop ! Tout va bien. Les recettes de cosmétique mentale, de maquillage psychologique, de pensée positive ou de renforcement de la personnalité, risquent a terme de s’écrouler et de nous décevoir. Le couple est un long travail. Cent fois sur le métier, patience et longueur de temps, petit à petit l`oiseau fait son nid. Donc courage !
Les bodhisattvas, ceux qui prennent l’engagement au nom de tous de se vouer a l’éveil, sont d’ailleurs appelés "les êtres de courage". En un mot : couple !
A l’origine, le mot couple provient du latin aptus, "apte à", et donc couple signifie a proprement parler "co-apte". A l’inverse, ineptus veut dire inapte. Sommes-nous co-apte ou inapte ? Inepte ? ou ad-apté ? Savons-nous seulement nous ad-apter l’un à l’autre, nous adopter les uns les autres. Développons-nous cette fondamentale aptitude "adoptative" non seulement entre nous deux mais entre nous tous ? Trait d’union garanti ? Sommes nous suffisamment éveillés ?
Tous les chemins spirituels (les bons) proposent non pas de nous persécuter, de nous monter la tête, de nous fanatiser, mais de nous marier, de nous ouvrir. Un mariage en profondeur et dans les grandes largeurs.
Un mariage à l’infini. En profitant de l’existence à deux pour apprendre à vivre à l’amiable avec tous. L’exploit d’un couple consiste alors à dédier ce jour d’aujourd’hui au Grand Amour (autre façon de dire Bouddha), non pas un amour partiel, partial, parcellaire, ou un amour placentaire, mais un amour métamorphoseur, universel, un Amour qui n’est que Liberté et une Liberté qui n’est qu’Amour.

Pratiquer l’amour
"Un homme et une femme
se rencontre chaque jour
pour s’éveiller pour le bien de tous".
La pratique quotidienne de l’amour délivre le sens de la création par la dévotion envers celui qui aime aimer, par l’éveil de la compassion que fait naitre la souffrance et, par l’ingéniosité et l’aptitude, que font naitre toutes les difficultés, toutes les défaillances, toutes les frustrations. C’est un raffinage journalier, un affinement qui développe l’esprit de finesse peu à peu grâce à la méditation silencieuse et la capacité à retrouver ses bandes magnétiques vierges.
Comme il n’est temps que d’aimer, veuillez ne considérer, s’il vous plait, dans ces quelques lignes que la page blanche, le vide entre les mots, la marge de liberté et la passion de la compassion qui vous guide.
" Qu’un être humain aime un autre,
voilà le critère ultime
la dernière preuve,
l’oeuvre auprès de quoi
tout autre travail n’est que préparation."
Rainer-Maria Rilke.

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