Revue Question de
C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche.
Pierre Soulages
Vandana Shiva : pour une désobéissance créatrice

Vandana Shiva : pour une désobéissance créatrice

Auteur question de Lionel Astruc

Aujourd’hui, Vandana Shiva, est une icône mondiale de la révolution écologique. Surnommée « Rockstar » des anti-OGM, Vandana Shiva combat par l’exemple. En 1996, elle crée l’association « Navdanya » et construit une ferme modèle (volontairement sur des terres rendues infécondes par l’agriculture intensive pour prouver qu’il y a moyen de les régénérer). L’émancipation des paysans passera par des pratiques agroécologiques qu’ils peuvent apprendre à l’association et qui consistent à imiter la nature dans son champ. Vandana Shiva crée un réseau de 120 banques de graines. Ces banques visent à sauver les systèmes semenciers paysans en favorisant les échanges des semences comme alternative à la dépendance des paysans envers les variétés commerciales améliorées. Grande adapte de Gandhi, elle invite à la désobéissance non-violente des graines pour la reconquête de la souveraineté alimentaire. Elle a créé « l’Alliance planétaire pour la liberté des semences » qui permet d’informer les pays ciblés par les géants de l’agrochimie et de largement rétablir la vérité face aux rapports diffusés par le lobby des OGM. En 2013, elle a mobilisé 2 millions de manifestants dans 52 pays lors d’une marche mondiale contre Monsanto. Comme Gandhi, Vandana Shiva est une féministe convaincue : cette révolution qui permettra de retrouver le lien avec la terre, une alimentation saine, la paix et la démocratie, passera par les femmes. Cette femme n’a pas échappé à l’alchimie des caractères de ses ancêtres : son grand-père est mort d’une grève de la faim menée pour défendre la création d’une école de fille… Il a rendu son dernier souffle au moment où la bicyclette postale apportait l’agrément de l’Etat ! Belle revanche de la petite fille devenue l’icône mondiale de l’écoféminisme et l’ennemie n°1 des multinationales agroalimentaires.

Il y a environ 11.000 ans, c’était la naissance de l’agriculture, de la domestication des plantes. Chaque année, l’agriculteur récupérait des graines après chaque récolte et les conservait pour la récolte suivante : il travaillait à l’amélioration végétale en récupérant les graines qui répondaient à ses besoins, adaptées à sa terre et à moindre coût. Vers 1920, des firmes spécialisées émergent avec pour mission d’opérer un travail de sélection des graines ce qui permet à l’agriculteur d’économiser un temps considérable. Aujourd’hui, ce système semencier moderne et industriel menace gravement le système paysan : des réglementations très strictes excluent la diffusion des semences non enregistrées dans les catalogues officiels, et rendent les paysans complètement dépendants de leur système.

Vandana Shiva assiste à Bogève en Suisse en 1987 à une réunion des quelques représentants de l’industrie semencière. Ne se méfiant pas d’elle (à l’époque !), ces industriels se laissent aller à évoquer leur stratégie : se réunir pour former un oligopole tellement puissant qu’il sera capable d’influencer les gouvernements et les institutions internationales, et qu’il deviendra incontournable pour les agriculteurs du monde entier qui se verront contrains d’acheter à ces groupes ce que la Terre leur offrait gratuitement. En 2008, 67% du marché des semences sont aux mains des 10 plus grosses sociétés de distribution de semences et Monsanto représentait à lui seul 23% de ce marché. Vandana Shiva porte bien son nom, celui du Dieu Shiva, connu pour sa combativité et sa capacité à protéger la nature.

I. RECONQUERIR LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE

Entre surplus et pénurie

L’autonomie alimentaire permet d’améliorer la santé, de réduire la pollution due aux moyens de transports, de s’affranchir du pouvoir des grands semenciers, d’être mieux préparé aux aléas économiques, sociaux et climatiques.

Surplus et pénurie vont de pair. Avec la monoculture ou l’agriculture intensive, les terres des paysans deviennent infertiles et ceux-ci ne peuvent même plus se nourrir. Ce paysan doit dès lors s’endetter pour acheter des graines payantes et se nourrir. Plus de 24.000 individus meurent chaque jour de faim et ce dans des pays qui atteignent comme l’Inde 9% de taux de croissance. Alors que l’agriculture indienne produit plus qu’avant, la nourriture détournée par l’industrie n’arrive pas aux estomacs : c’est la pénurie.

• En Inde, Pepsi Co transforme des immenses quantités de pommes de terre pour fabriquer ses chips. Tous les paysans de la région se mettent à produire des pommes de terre. Pepsi Co n’achète les pommes de terres qu’aux paysans qui les produisent avec les semences qu’elle leur a vendues. Les variétés locales disparaissent, les paysans doivent acheter les graines et de quoi se nourrir. Et seulement 10% de la récolte est vendue à l’industrie. Le reste pourrit sur place.
• Au Mexique, les petits vendeurs de tortillas disparaissent. Le maïs de qualité manque ou est hors de prix. De plus en plus de mexicains sont contraints de se nourrir d’aliments bas de gamme vendus par les multinationales et de préparer leurs galettes avec du maïs américain pour animaux.
• L’abandon des traditions culinaires au profit de plats préparés ou de restauration rapide conduit à une perte d’information, étape cruciale dans la perte de souveraineté alimentaire dans les pays les plus riches. 2 milliards d’individus sont touchés par des problèmes de santé liés à une mauvaise alimentation.

Cette chaîne est vouée à se rompre à la première grève, à la première pénurie de matières premières ou de carburant. Une telle crise risque de dégénérer en véritable panique et susciter une violence inouïe. Seul un réveil de la population concernant la souveraineté alimentaire permettrait de passer d’une situation de dépendance à une situation de résilience, qui passera par la reconstruction d’une économie locale solide.

Les petites entreprises produisent plus

Le devoir des dirigeants est d’assurer une bonne gestion des graines, des sols, de l’eau… Les agriculteurs ont un rôle fondamental : ils connaissent mieux leurs sols, leurs animaux, leurs plantes. En dix ans, les petits agriculteurs pourraient doubler la production alimentaire des régions vulnérables en recourant à l’agroécologie, dont les méthodes préservent l’eau, se dispensent de produits chimiques, et protègent les sols. Les petites exploitations continuent à fournir 70% de la production alimentaire mondiale. Si tous les paysans adoptaient des méthodes biologiques, ils pourraient nourrir le double de la population.

Les grandes exploitations ne se soucient pas de l’environnement. Elles ne produisent rien : elles achètent et vendent. Elles remplacent les gens par des herbicides et les animaux par des machines. Elles prennent possession des terres des petits exploitants. Le soin porté à la nature et aux autres se perd. Plus la taille d’une exploitation est grande moins elle est productive.

Les citoyens doivent prendre conscience qu’ils peuvent changer la marche du monde en s’approvisionnant auprès des producteurs locaux, en renouant avec les fermiers du coin, et en se débarrassant de l’idée fausse selon laquelle les prix des supermarchés sont plus avantageux.

Reconquérir la souveraineté alimentaire

Le quotidien de Vandana Shiva, c’est informer et expliquer les enjeux de la mondialisation et de l’industrialisation, aussi bien aux paysans, qu’aux consommateurs, qu’aux dirigeants. Avec sa ferme, Navdanya qui signifie « neuf graines », Vandana Shiva prêche par l’exemple. Ce modèle complet démontre au peuple et aux dirigeants politiques que le commerce peut se faire en protégeant la biodiversité et les fermiers dans la justice et l’équité. Elle éveille les consciences.

Elle explique aux paysans que la loi indienne précise que les paysans ont le droit de reproduire, échanger, distribuer, améliorer, diffuser, vendre les graines et que ce droit ne peut être remis en question par aucun pouvoir ni aucune loi future. Vandana Shiva a réussi à faire inscrire ce droit des fermiers dans la loi.

Par exemple, lorsque la firme texane « Rice Tec » a essayé de s’approprier le riz basmati en Inde en déposant un brevet, qui aurait empêché les paysans d’utiliser ses propres semences, Vandana Shiva a entamé un combat de plus de 5 ans qu’elle a finalement gagné. La délicatesse du riz basmati résulte de siècles d’observations, d’expérimentations, de sélections réalisées de génération en génération. Si le brevet était passé, ce riz n’existerait plus. Des combats de ce genre, Vandana Shiva en mène des centaines dans le monde entier. « Si nous commençons dès maintenant à construire une véritable alternative à travers la liberté des graines, le retour de l’agriculture à petite échelle et des circuits courts, d’ici 5 à 10 ans, nous pourrions créer un système produisant une nourriture de qualité pour tous. Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins. Si nous ne traitons pas la source du problème alors, dans 5 à 10 ans, nous allons assister à un véritable effondrement du système alimentaire. »

Suite à la visite de Vandana Shiva à Rome, les dirigeants romains préparent une loi pour mettre les espaces publics à la disposition des chômeurs pour qu’ils puissent cultiver des produits dont ils pourront se nourrir et qu’ils pourront vendre. A Berlin, les jardins publics sont mis à disposition des migrants pour y faire des potagers. Ces migrants s’intègrent de manière rapide et efficace.

II. La guerre des matières premières

Résistance

L’être humain est inséparable de la nature. Le poète indien, Rabindranath Tagore disait « La séparation mène à l‘esclavage et l’union conduit à la libération ». La crise écologique naît de cette séparation. Nous devons nous éveiller et nous relier d’urgence à la nature. Avons-nous vraiment besoin de plats préemballés ou préparés, de soda, de coca-cola, de biscuits fabriqués en usine…

En 2004, Vandana Shiva a réussi à faire fermer une usine Coca-Cola dans le Kerala en trois semaines. Elle a fait de ce combat un symbole. L’usine s’était installée en vendant aux 30.000 habitants du village l’espoir d’un avenir meilleur : emploi, éducation, route,… Pour produire 1 litre de Coca-cola, il faut 3,8 litre d’eau ! Coca-cola produisait 650.000 litres par jour ! Coca-Cola a épuisé et pollué l’eau en un rien de temps. La population ne pouvait plus se laver, boire, cuisiner, cultiver. Les maladies se sont multipliées. Que pouvait faire une petite communauté de paysans illettrés face à une multinationale comme Coca-cola… faire appel à Vandana Shiva ! Trois semaines après son arrivée, le chef du gouvernement a ordonné la fermeture de l’usine Coca-cola dans les 30 jours. Coca-cola a été condamnée à payer 45 millions de dollars, qu’elle n’a toujours pas payés. Mais le mouvement Coca-Cola est vivace à travers toute l’Inde.

L’armée au service de l’industrie

Quand il est devenu évident pour les dirigeants et les grosses entreprises que les populations de l’Inde n’autoriseraient pas l’extraction des matières premières, le gouvernement indien, au service de ces compagnies, a mis son armée à leur disposition. Les populations de l’Inde ont fait très bon accueil aux Naxalites, mouvement Maoïste à la base, qui pratiquaient une lutte armée en faveur des pauvres et des paysans sans terres dans les régions convoitées pour leurs ressources minières. Ces militants se fondent dans la population. Ils représentent selon l’état, la plus grande menace intérieure pour la sécurité du pays. En 2005, une opération « Traque Verte » a été chargée de supprimer ces Naxalites présents dans un tiers de l’Inde. Les guérillas menées par l’Etat ont été d’une violence inouïe, et ce sont les populations qui ont été les premières victimes. L’indignation des indiens a été telle que Vandana Shiva a déclaré la tenue d’un tribunal citoyen indépendant, dont l’objectif était de faire le procès de l’accaparement des terres, du pillage des ressources et de l’opération Traque Verte, auquel les médias et de nombreuses personnalités ont choisi d’être présents en masse. Le gouvernement a dû mettre fin à l’opération Traque Verte.

Ce conflit indien est absent des médias occidentaux pour cacher la responsabilité des pays riches dans cette guerre. L’Europe souffre des privilèges qu’elle s’est créée elle-même. Elle ne fabrique plus rien. Elle achète des produits fabriqués en Chine à partir de ressources indiennes qui viennent des zones de conflits ou des régions agricoles où sévissent les vagues de suicide des paysans. La paix en Inde dépend en grande partie de la capacité des Occidentaux à relocaliser leur économie.

III. La liberté des semences

Petites graines, grands enjeux

Les graines hybrides, contrairement aux graines paysannes, ne se reproduisent pas ; une stratégie voulue par les grands semenciers pour obliger les fermiers à racheter des semences chaque année. Au début, le gouvernement fournissait les nouvelles graines au fermier pour sécuriser les récoltes soit-disant menacées de maladie. Le paysan a pris l’habitude d’abandonner ses semences paysannes, « dites primitives », au profit des semences hybrides, dites « modernes ». Tous les paysans faisaient pareil. Très vite, il n’y a plus eu de semences paysannes du tout, et le gouvernement a laissé les fermiers face aux grands semenciers qui ont pu vendre au prix fort ! Le remplacement des graines a failli être inscrit dans la loi en 2004. Cet alors que Vandana Shiva a organisé le mouvement de désobéissance et de résistance passive : les paysans ont refusé de remplacer leur graines. En ce qui concerne le coton, la politique de remplacement menée par le gouvernement a anéanti les graines paysannes sans prévenir ceux-ci que ces graines ne pouvaient pas être reproduites.
Après les graines hybrides, les paysans ont acheté des OGM. Un OGM, organisme génétiquement modifié est un organisme dans lequel on a introduit artificiellement un gène intéressant (résistance à un parasite dans une plante par exemple). Beaucoup de paysans qui avaient acheté des produits chimiques pour intensifier leurs récoltes, les ont appliqués sur leurs propres graines qu’ils reproduisaient depuis des millénaires. Celles-ci étant mortes sous l’effet de ces produits, ils sont passés aux OGM. Monsanto détenait tout le marché.

Depuis deux décennies de commercialisation des OGM, Monsanto a mis au point des semences conçues pour résister aux herbicides et d’autres pour lutter contre les insectes nuisibles. Depuis, les graines résistantes aux herbicides (comme le Roundup) suscitent le développement de mauvaises herbes et de parasites encore plus résistants qui suscitent à leur tour des produits chimiques encore plus puissants… C’est sans fin !

Bio diversité agricole vs standardisation

Les trois quarts de la diversité agricole ont déjà disparu au cours du siècle dernier. En Inde, 75% des agriculteurs s’endettent pour acheter leurs graines et les herbicides associés. Les vendeurs de pesticides et des graines OGM qui ne peuvent pas être remboursés, s’emparent des terres. Monsanto est inflexible ! Entre 1995 et 2012, près de 300.000 paysans se sont suicidés, particulièrement dans la région du coton. En Inde, 95% du coton produit est issu d’OGM. Cette fibre contient dorénavant des produits toxiques.

Le lobby agrochimique

Lorsqu’une industrie dépose un brevet, c’est sur une graine qui existe ! C’est de la biopiraterie. Lorsque l’industrie dépose un brevet sur le maïs, qui provient du Mexique, c’est un vol à l’égard des Mexicains.

Aujourd’hui, les grands semenciers tiennent toujours la plume. La loi américaine du temps de Bush, copain de Monsanto, a reconnu l’équivalence entre les OGM et les autres semences, ce qui équivaut à dire que les risques découlant d’aliments transgéniques sont équivalents à ceux que présentent les produits classiques, et ce sans qu’aucun test de toxicité soit fait. Ni vu, ni connu ! La plupart des anciens salariés de Monsanto sont recrutés dans l’administration américaine, y compris aux postes de juges…

Le taux de pénétration des OGM s’apparente à une prolifération massive en Inde avec le coton et aux USA, Canada, Brésil et Argentine avec le maïs, le colza, le soja et le coton. Fort heureusement, sur la carte mondiale du développement des OGM, la majorité des terres à travers le monde échappe à cette vague et peut se revendiquer sans OGM. En 2013, 18 millions d’agriculteurs cultivent des OGM, ce qui représente moins de 1% de la population mondiale.
Alternatives semencières

La reproduction et l’échange des semences paysannes sont en pleine renaissance, autant dans les pays pauvres qui n’ont tout simplement pas les moyens (Afrique, Asie, Amérique du Sud) que dans les pays riches comme la Scandinavie, le Spitzberg, le Japon, la Nouvelle-Zélande qui tiennent à préserver la biodiversité.

Les graines n’appartiennent à personne. Elles sont le patrimoine des générations futures. Le réseau des banques de graines est une organisation communautaire qui est la propriété de tous. L’enjeu des semences libres nous concerne tous !

IV. L’écoféminisme

Féminiser le monde

Les femmes de par leur nature donnent la vie et la protègent. Elles donnent la priorité aux nécessités fondamentales de la vie. Leur bienveillance naturelle est inscrite dans leurs gènes et elles sentent profondément que leur destin est lié à celui de la nature. Gandhi considérait que les femmes avaient préservé en elles les valeurs essentielles de la compassion et du partage bien plus que les hommes, plutôt cantonnés dans un rôle de dominant. Dans ce rôle, un homme cultive forcément plus de violence, et vit moins pleinement son humanité. « L’écoféminisme est une guérison pour l’homme et la perspective d’une vie pérenne ».

V. Paix, démocratie et activisme

Une déclaration des droits de la terre

« La plus grande guerre qui sévit actuellement est celle qui est menée contre notre planète ! ». Monsanto produisait dans les années 1960 l’agent orange » déversé par l’aviation américaine au-dessus du Vietnam. Les pesticides trouvent leurs origines dans les armes chimiques. Nous démarrons l’ère de l’Anthropocène : les conséquences chimiques, urbaines, nucléaires de nos modes des vie vont s’inscrire dans les archives géologiques de la planète pour des milliers d’années. L’homme agit avec un total manque d’humilité et d’une arrogance sans limites : il fait partie de la nature, il n’en est pas le maître !

Réconcilier économie, science et démocratie

Une clause selon laquelle la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture des OGM même si leur homologation est contestée devant un tribunal ! Véritable cadeau pour Monsanto voté par Obama qui retire aux tribunaux américains la possibilité d’empêcher la vente et la plantation d’OGM quelles que soient les conséquences pour l’environnement ou la santé. Tous les piliers de la démocratie se sont soulevés en une armée de boucliers. Mais les consciences s’éveillent ! Les lobbys n’ont pas eu gain de cause mais il faut rester vigilant…

Mobilisation et désobéissance

Gandhi disait « La démocratie doit s’étendre mais jamais s’élever ». « Le mouvement doit s’étendre comme les ondes provoquées par un galet lancé dans un océan calme, dont chacun est le centre et où chaque centre soutient les autres. » Le message est : « Voici ce qui se passe à travers le monde, à chacun d’en tirer les conséquences ». Chacun doit être responsabilisé et s’autonomiser. Les hommes subissent l’esclavage de la consommation. « L’activisme commence dans l’esprit, le cœur et les mains de chacun. ». Les personnes conscientisées et informées forment une lame de fond citoyenne bien plus forte face aux industriels. Rien ne profite mieux à l’activisme que de donner aux citoyens la capacité d’anticiper, comme le prouve la marche mondiale des 2 millions de citoyens contre Monsanto en 2013.
La consommation est le symptôme d’un mal profond ! Il faut bien vendre toute cette surproduction. L’engrenage qui pousse à acheter beaucoup plus que ce dont nous avons besoin accule les entreprises à vendre en permanence des choses dont les citoyens ne tirent pas de satisfaction. Les jeunes envahissent les galeries commerciales pour donner un sens à leur vie car tout le reste a été vidé de sens. Stop ! « La vie au-delà du consumérisme, la vie après le supermarché : voilà le projet actuel de l’humanité ! ». Ne prétextons pas l’inertie du système pour ne pas changer. Gandhi affirme « Si vous agissez, les gens vont vous suivre et vont en faire autant ». Un système qui donne plus d’importance à des transactions virtuelles qu’aux êtres humains ne peut pas durer. L’argent public vient indéfiniment secourir les banques et les entreprises pour maintenir le système comme il peut. « Nous ne pouvons pas être gouvernés par des abstractions ». Le système doit revenir sous le contrôle des citoyens !

La prise de conscience est en train de se généraliser. Parmi les populations précaires mais aussi parmi les plus riches obligés de constater l’absence de lien entre l’argent et le bonheur. Un changement basé sur la solidarité des personnes conscientes des limites du système peut encore faire basculer l’ordre du monde… Nous sommes à la croisée des chemins !


Laurence de Vestel - Septembre 2015 - © Oltome.com

Lionel Astruc
Biographie

Lionel Astruc est né le 14 avril 1974 à Tassin-la-Demi-Lune, en France. Il est écrivain et journaliste, spécialisé en développement durable et diplômé de Sciences Politiques. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages dont la plupart explorent les filières de matières premières et de produits de grande consommation en France et autres pays.

Ses enquêtes montrent à la fois les dérives de la mondialisation et les initiatives pionnières pour changer de paradigme. Ses livres font connaître les acteurs pionniers de la transition écologique, économique et sociale que nous traversons : Vandana Shiva, Rob Hopkins, Thierry Salomon, Philippe Desbrosses, Bernard Lietaer, Gunter Pauli, Gilles-Éric Séralini et Pierre Rabhi. Parallèlement, Lionel Astuc rédige des rapports pour des institutions telles que l’Agence Belge de Développement (Ministère de la Coopération Belge).

Inscrivez-vous à la newsletter
go top

Réalisation Welwel Multimédia