Revue Question de
C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche.
Pierre Soulages
Question de
Compléments d’enquête
Question de N°2
Thème : Nature et écologie

Quelques classiques incontournables

Auteur question de Claire Julliard


« Marcher, méditer » par Jacques Vigne et Michel Jourdan, Espaces libres-Albin Michel-2010, 206 p.

Selon Bouddha, marcher en conscience «  purifie l’esprit des pensées obstructives ». Marche et méditation procèdent d’un même but : nous délivrer du poids de nos pensées, ne faire plus qu’un avec la nature. Ce passionnant essai se compose de deux parties : la première est une réflexion de Michel Jourdan sur la philosophie du marcheur à travers les époques, du vagabond médiéval au pèlerin russe du XIX° siècle, de l’errance poétique de Bashô aux pérégrinations de Victor Segalen. Dans la deuxième partie, le Dr Jacques Vigne sonde1 la psychologie et la pratique de la méditation immobile en Orient et en Occident. « Marcher, méditer : une carte pour l’être ! », écrit Marc de Smedt dans son avant-propos.


« Guérir la terre » sous la direction de Philippe Desbrosses, Albin Michel-210, 250 p.

Pionnier de l’agriculture biologique, Philippe Desbrosses pousse ici un cri d’alarme. Face aux bouleversements de notre époque- réchauffement climatique, pénurie d’eau douce, d’énergie fossile et de terre arable- l’écologie est une urgence. Pour y réfléchir, il convie des personnalités aussi diverses que Pierre Rabhi, le regretté David Servan-Schreiber, Yann-Arthus-Bertrand, Coline Serreau, Isabelle Autissier, Jean-Marie Pelt et Edgar Morin. Tous s’accordent sur le refus de limiter le respect de l’environnement à l’exercice de gestes écocitoyens. L’écologie exige un changement structurel de notre économie et de notre façon de penser, explique dans la préface la journaliste Nathalie Calmé. Car la Nature est aussi un espace de sens, d’imagination, de plaisir et de sacré.


« Le zen et la vie » par Shundô Aoyama, Spiritualité vivantes, Albin Michel-2015, 2012 p.

Notre civilisation actuelle est sur le point de se bloquer par suite d’un désir d’accumulation trop puissant, explique l’auteur, abbesse du monastère Sôtô. Si nous n’endiguons pas cette frénésie, il ne sera bientôt plus possible à l’homme de vivre sur cette terre. Il faut revenir à l’enseignement du Bouddha pour « récupérer ainsi un cœur capable de vibrer à la vue d’une fleur et avoir pitié d’un poisson qui meurt ». Shundô Aoyama nous incite à aller à la recherche de nous-mêmes et à donner de la valeur à chaque moment de notre vie. Une introduction à la sagesse zen et à sa philosophie du bonheur.


« Pieds nus sur la terre sacrée » (I-II), traduit de l’anglais (Canada) par Michel Barthélémy, Folio sagesses- 2014, 130 p.

Rassemblés et présentés par T.C. McLuhan, ce recueil paru chez Denoël en 1974 se compose de précieux témoignages et textes choisis de membres de tribus indiennes d’Amérique du Nord, du mystique Crazy Horse à l’insoumis Sitting Bull jusqu’à Scott Momaday, lauréat du prix Pulitzer. Tous évoquent leur existence ancestrale en harmonie avec l’environnement naturel, considéré comme sacré. Ils s’inquiètent aussi de la mise en péril du monde par le mode de vie des blancs. «  Comment l’esprit de la terre pourrait-il aimer l’homme blanc ? dit avec tristesse une vieille sage Wintu ... Partout où il la touche, il laisse une plaie ». Un message de sagesse prémonitoire.


« Feuilles d’herbe » par Walt Whitman, traduit par Jacques Darras, les Cahiers rouges Grasset-1899, 249 p.

« Walt, toi qui contient tout, qu’attends-tu pour l’exprimer ? », s’exclame Whitman dans cette éblouissante pièce maîtresse. « Feuilles d’herbes » long recueil de vers libres, édité dans sa première version en 1855 apparait comme la profession de foi d’un poète voyant, chantre de l’idéal démocratique et de la liberté. Cette célébration de soi (« Song of myself ») empreinte de ferveur, est surtout une exaltation de l’homme dans sa plénitude. Une invitation à suivre le fils d’Adam à travers la ville et dans le monde, à l’affut de ses merveilles. Ainsi qu’une prodigieuse méditation sur la nature avec laquelle l’être s’abandonne dans un élan passionné.


« Walden ou la vie dans les bois » par Henry David Thoreau, traduit de l’américain par Louis Fabulet, L’Imaginaire Gallimard 2014, 380 p.

Au milieu du XIX siècle, à l’âge de 28 ans, Henry David Thoreau s’installe dans les bois pour y vivre en symbiose avec l’univers. Il construit sa cabane au bord de l’étang de Walden dans le Massachussetts et entame une vie spartiate et heureuse, loin d’un pays en pleine industrialisation. Durant ces deux années de solitude choisie, il rédige ce classique de la littérature américaine qu’est Walden. Paru en 1854, ce texte d’une grande beauté littéraire rend hommage à la « générosité indescriptible de la Nature », à la santé et à l’allégresse qu’elle procure. C’est aussi un pamphlet contre les fausses valeurs du monde occidental. Thoreau est considéré comme l’un des précurseurs de la pensée écologiste.


« Les yeux ouverts » par Marguerite Yourcenar, Livre de poche -1981- 2014, 320 p.

Dans ces entretiens avec Mathieu Galey, l’auteur des « Mémoires d’Adrien » évoque son itinéraire et son œuvre avec la sagesse et la simplicité des grands. Retirée sur l’ile américaine de Monts-Déserts dans une modeste maison de bois, elle s’inquiète déjà de questions qui n’intéressent alors en France qu’une minorité : l’explosion démographique ou la destruction de la planète. Elle s’en réfère alors aux figures de Saint François d’Assise, de Mère Térésa ou de Gandhi. Engagée dans certaines croisades écologiques, la défense des baleines ou la préservation du littoral, cette solitaire reste reliée à l’humanité sur laquelle elle garde « les yeux ouverts ».


« La libellule et le philosophe » par Alain Cugno, Albin Michel –Espaces libres-2014, 182 p.

Depuis toujours amoureux des libellules, Alain Cugno s’interroge sur le lien entre cette passion et la philosophie qui est son métier. « La philosophie est affaire d’enfance, explique-t-il, tout comme la fascination pour les animaux (..) C’est d’un « premier œil une fois ouvert – fut-ce celui d’un insecte) que tout l’univers tient sa réalité. ». Dans ce petit essai poétique et lumineux, le naturaliste amateur entraine le lecteur dans la quête du Graal que représente pour lui l’observation d’inaccessibles insectes aux ailes diaphanes. A ce patient photographe, elles ouvrent la voie vers un autre monde. Un paradis certes éphémère mais promesse d’éternité.


« L’Homme renaturé » par Jean-Marie Pelt, Bouquins, Robert Laffont, 2015, 1026 p.

En 1977, dans « L’homme dénaturé » qui donne son titre au recueil, le biologiste pose déjà la question de la limite des ressources naturelles et préconise une relation moins prédatrice de nos rapports à la nature. Ce volume rassemble huit titres de Pelt, dont « La vie sociale des plantes », essai à l’audace novatrice. « La solidarité chez les plantes, les animaux, les hommes » dévoile les phénomènes de coopérations entre les trois règnes. « De l’Univers à l’être » brosse un panorama du monde minéral et du monde vivant. « Nature et spiritualité » montre enfin comment les grandes courants religieux d’Orient et d’Occident ont perçu les relations de l’homme et de la nature. Un tour d’horizon qui incite à la réconciliation et à la paix.


« Printemps silencieux » par Rachel Carson, introduction d’Al Gore, Wildproject, collection domaine sauvage 2014, 276 p.

On peut dater la naissance du mouvement écologiste à 1962, année de parution de cet inusable classique. «  Printemps silencieux est arrivé comme un cri dans le désert, un plaidoyer (…) qui a changé le cours de l’histoire », écrit Al Gore dans la préface à la nouvelle édition. En effet, cette grande enquête autour de l’impact des pesticides sur le monde vivant a entraîné l’interdiction du DDT aux Etats-Unis. Victoire d’une biologiste marine sur les puissants lobbies de l’industrie chimique, l’essai a connu un retentissement mondial. L’Agence de protection de l’environnement (EPA) a été créée en 1970, en grande partie grâce à la sensibilisation de l’opinion et des politiques à cette « fable pour demain ».


« Manifeste du Tiers paysage » par Gilles Clément, Sens et Tonka, 2014, 74 p.

Inspiré du terme de Tiers-état, le tiers paysage renvoie à la notion de «  fragment indécis du jardin planétaire ». Il comprend l’ensemble des lieux délaissés par l’homme : friches urbaines, forêts, prairies alpines, landes, tourbières, toundras. Autant de marges qui représentent une diversité biologique à ce jour non répertoriée comme richesse. Ce concept, forgé par le paysagiste au début des années 2000 a pris une place particulière dans les réflexions portées par de nombreuses instances et différents responsables politiques dans le monde. Pour en faciliter la consultation par tous, l’auteur a placé ce texte en accès gratuit sur Internet.


« La guérison du monde » par Frédéric Lenoir, Livre de poche-2014, 332 p

« Peut-on être heureux dans un monde malheureux ? ». Le philosophe Frédéric Lenoir étudie les mutations à l’œuvre sur la planète. Il évoque le désarroi contemporain engendré par la une crise environnementale, économique, politique et sanitaire. Pour y remédier, Il envisage un triple processus de guérison : de notre terre, de notre humanité malade et enfin de notre être. Sur la base d’expériences concrètes menées dans différents pays, et à partir de réflexions éthiques et religieuses, l’auteur nous invite à une révolution intérieure. Ou comment passer de la convoitise consumériste à une « sobriété heureuse », principale clef d’un réenchantement du monde.


« L’an I de l’ère écologique » par Edgar Morin et dialogue avec Nicolas Hulot, Tallandier- 2007, 128 p.

En 1972, Edgar Morin, certain que la dévastation de la biosphère augurait une nouvelle ère pour la planète signe pour un colloque du Nouvel Observateur une communication intitulée « L’an I de l’ère écologique ». Mais ce signal d’alerte lancé avec des intellectuels comme André Gorz ne sera guère écouté. Trois décennies plus tard, les catastrophes nucléaires et environnementales ont modifié les consciences. Dans un dialogue donné à Philosophie Magazine, Edgar Morin et Nicolas Hulot réfléchissent ensemble sur cette injonction climatique et écologique qui impose un « rendez-vous critique à notre civilisation ». « Notre défi aujourd’hui, écrit Morin, c’est celui de civiliser la Terre. »


« A l’écoute du monde sauvage » par Karine Lou Matignon, préface de Boris Cyrulnik, Clés -Albin Michel 2012- 404 p.

C’est l’observation des animaux qui a permis à Karine Lou Matignon de mieux comprendre la nature humaine et d’ausculter les arcanes de l’univers. Depuis plus de deux décennies, elle s’attache à examiner les perspectives qu’offrent nos relations avec le monde sauvage, relations considérées par le poète Kenneth White comme « un antidote ethnologique à un état de surcivilisation ». Dans ce très riche recueil, chercheurs, artistes et conteurs, de Jean Malaurie à Henri Gougaud, de Gilles Clément à Matthieu Ricard, décryptent les mystères du monde animal et réfléchissent à la manière dont on pourrait s’en inspirer pour inventer notre avenir. « Va prendre tes leçons dans la nature  », recommandait déjà le grand Léonard de Vinci.


« Le défi du XXIème siècle », une vision écologique du monde, par Edouard Goldsmith, traduit de l’anglais par Thierry Piélat et Agnès Bertrand, Editions du Rocher-1994, 498 p.

Fondateur de la revue The Ecologist, Edouard Goldsmith mort en 2009, fut l’une des autorités internationale en matière d’environnement. Son livre remet en question la conception dominante d’un monde atomisé et mécaniste pour lui opposer une vision écologique unificatrice et cohérente. L’écosphère est la source de de toute richesse , écrit-il, mais nous devons préserver son ordre spécifique afin de bénéficier de ses bienfaits. Le but suprême du comportement dans une société écologique consiste à préserver l’ordre de l’univers. A la lumière de concepts bouddhistes, hindouistes ou taoïstes, Goldsmith redéfinit la relation de l’homme à lui-même, à la nature et à la planète.

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